Fabricants d'aliments Ils misent sur le durable
Outre les actions au sein des entreprises d'alimentation animale, c'est tout le secteur qui s'est emparé de la durabilité pour fournir des méthodes et des données fiables. Objectif : être entendu dans toutes ses spécificités.
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L'industrie de l'alimentation animale voudrait que sa place au sein de la chaîne alimentaire et ses efforts en matière de durabilité soient reconnus. Les entreprises mettent en avant leurs actions à tous les niveaux. Par exemple, pour les achats, la valorisation des coproduits des IAA ou d'autres matières premières non utilisables (blés fourragers ou germés par exemple), mais aussi l'optimisation des formulations illustrée par la baisse continue des indices de consommation des animaux et la réduction de leurs rejets. Sans oublier, d'un point de vue plus industriel, la rationalisation des flux logistiques et les économies d'énergie. Cependant, même si chaque entreprise peut prendre des décisions, elle est solidaire de tout un secteur à l'image toujours brouillée par les crises des années 1996 à 2000.
L'enjeu concerne donc bien le métier tout entier au sein de la chaîne alimentaire. Il est, en effet, en raison de son poids dans l'élevage, l'un de plus gros contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre. Mais, la mission développement durable des syndicats français (Afca-Cial, Coop de France Nutrition animale, Snia accompagnés par Tecaliman) a montré dès 2010 que cette contribution est surtout liée aux matières premières (90 %), le poids des transports venant très loin derrière (7 %) et l'usine encore plus (3 %), voir ci-contre.
Attention aux méthodes
Ce constat confirme l'importance de disposer de méthodologies fiables et cohérentes d'analyse de l'impact environnemental. Plusieurs dossiers sont ouverts à tous les niveaux, de la FAO aux régions en passant bien sûr par l'Europe, dans une course pour éviter que les rapports de force entre acteurs ne finissent par faire peser un poids très lourd sur les uns ou les autres. Le premier rapport de la FAO sur l'impact de l'élevage de ruminants (The long shadow, 2006), même après avoir été « tempéré » par un second rapport plus réaliste, trois ans plus tard, a marqué une véritable rupture. Désormais, les opposants à l'élevage reprennent ses chiffres, tant pour le comparer avec la voiture que pour pointer les pollutions (méthane) et son utilisation de ressources potentiellement utilisables pour l'homme. La Commission européenne a, de son côté, souhaité confier aux distributeurs le soin de déterminer le moyen de réduire l'empreinte environnementale des produits grand public. Position très vite dénoncée par les filières alimentaires, y compris la nutrition animale, qui se sont organisées en plate-forme pour proposer leurs propres méthodologies. Autre exemple, la manière de répartir l'impact d'une production entre produit (huile) et coproduit (tourteaux) reste symptomatique des difficultés à s'entendre.
« En 2010, la FAO a ouvert la porte à un partenariat public-privé pour le développement au niveau mondial de méthodologies pour calculer l'impact environnemental de l'élevage. Nous y avons travaillé avec notre organisation internationale pour l'alimentation animale, et nous y sommes parvenus fin 2013, détaille Alexander Doring, délégué général de la Fefac. La FAO devrait publier ces résultats, cet automne, et s'en servir ensuite pour ses rapports sectoriels par production. » La Fefac travaille aussi avec l'association américaine des fabricants d'aliments sur l'impact des produits transformés pour la nutrition animale (additifs, tourteaux...). Au niveau européen, la DG Environnement a développé sa propre méthodologie qui veut s'appliquer à tous les secteurs, afin de favoriser les comparaisons pour le consommateur et a publié un premier rapport fin 2013. Début mai 2014, la Commission a ensuite listé des secteurs pour tester sa méthode, dont la nutrition animale, les petfood, la viande, le lait... « La nouvelle Commission a confirmé sa priorité politique pour aller vers une économie plus verte. Les résultats des tests devraient être disponibles en 2016 ou 2017. Dans tous les cas, l'efficacité d'utilisation des ressources est une des clés pour atteindre les objectifs de l'Europe 2020 », complète Alexander Doring. Un nouveau rapport de la Commission européenne sur l'alimentation durable est attendu en septembre. Il devrait reconnaître l'impact de la réduction des indices de consommation grâce aux efforts de la nutrition animale, et son importance dans la hiérarchie de valorisation des pertes alimentaires établie par l'université de Wageningen avant toutes les utilisations non alimentaires.
DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH
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